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Pages d'écritures

8 juillet 2007

Lettre à l'absente

Comme tu vas nous manquer, Maman.

Il y a cinquante cinq ans, dans les douleurs de l’enfantement, de ton corps endolori, souffrant – et dans les cris ! - naissait ma vie. Notre existence commune, alors, commençait. Cet air, Maman, que tu m’as donné de respirer, t’en voilà maintenant privée. Tes poumons affaiblis, épuisés, ont cessé d’être oxygénés, et ton pauvre petit cœur battant, sur l’horloge du temps, à soixante dix neuf ans s’est arrêté. A cet AVC, Maman, tu as survécu deux ans. Comme pour ne pas trop vite nous quitter. Tu nous aimais ! La maladie ne t’a pas épargnée. Tu ne pouvais plus dire – écrire – communiquer - parler. Murée dans une souffrance exaspérante, que j’avais bien du mal, pour toi, à supporter.

En âme courageuse, tu as tout assumé – accepté – surmonté – même si, dans ton for intérieur, révolte, désespoir, impuissance et impossibilité, t’assaillaient, t’envahissaient, t’accablaient. Souvent, je t’ai vue pleurer, lorsque je te visitais – mais je ne pouvais rien changer ! Quoi dire ? Pour te consoler – devant ta douleur, comme anesthésiée, je me taisais. De mon côté, moi aussi, j’ai souvent pleuré – depuis de nombreuses années ! Dans l’éloignement kilométrique, j’apprenais le détachement, et à ton « deuil », je m’entraînais, je me préparais !... Ce monde-ci, ne fait que passer-on le sait. Pour un temps, seulement, tu as survécu à ton impitoyable A.V.C. Puis, tes forces physiques, ont fini par t’abandonner, te lâcher. L’occlusion s’est manifestée, la péritonite a frappé. Et après l’intervention chirurgicale, tu t’es retrouvée affaiblie, amaigrie, terriblement vieillie…Ne pouvant résister davantage vers le Paradis, tu es partie. Après ton Gethsémani, Jésus - Marie t’on accueillie. En t’ouvrant leurs bras, tu a rejoint, Papa…-depuis ma naissance, à cette existence que ne m’as tu apporté, que tu ne sois remerciée ! Sur bien des points de vue on se ressemblait :

  • De la tendresse, à la dureté (sans doute à cause de nos « timidités » face à l’étranger)

  • De la souplesse à l’autorité (Rigidité, gare à celles et ceux qui nous « craignaient » !)

  • De la gentillesse à la « méchanceté » (quel est celui ou celle qui, involontairement, n’a pas succombé, péché !)

Sincères et fidèles, dans nos amitiés. Veillant, le plus souvent à ne pas blesser. Sens du respPICT0560ect – de la délicatesse et de la moralité. Aimant le bien, le beau, le vrai ainsi mêlés, à la fois défauts et qualités ! Comme le blé, l’ivraie.

Mais toujours en quête de vérité, clarté, pureté ! A ton exemple, j’ai grandi. Sur « ton roc », j’ai bâti – construit = petite église de Jésus-Christ, que représente, je le sais, la Famille ! Roc solide ! Petite « Pierre » anagramme de Prière. L’Amour transmis est immortel et il se continue.

Parents-appui ; parents-béquilles ; parents catapulte-pour nous pousser, nous porter, nous lancer dans la VIE ! – Il nous arrivait parfois, de ne plus nous accorder. « On connaît une bonne source dans la sécheresse et un bon ami dans l’adversité », dit un proverbe Chinois. Mais comme je t’aimais assez, tes erreurs ou tes injustices à mon sujet, bien vite, je les pardonnais. Et puis, dans tout ce qui a pu te manquer, Maman, que tu n’a pu découvrir, ou accomplir – comme j’aimerais « en te continuant »… pouvoir le réaliser à ta place, s’il en est ! Tes larmes salées, ont séché, tandis que les miennes continuent de couler - sur le grand vide de ton absence - sur ton long silence, qui commence- et sur nos souvenirs passés – que de temps ensemble ! Écoulé ! Qu’en est-il de toi, maintenant ? Comment te joindre, sinon par la Prière, en secret – où t’en es-tu allée ? Où il n’existe plus de numéro d’abonné ! Vers quel mystérieux Inconnu, as-tu disparu ? qu’à présent, Tu sais !! Et dans cette « avance » de connaissance, sur nous, toi, tu nous dépasses ! A cette pensée là, je te vois, sourire, ‘triomphante », amusée ! Pour toi c’est terminé – tandis que pour nous, « cela » reste à faire !! Tes dernières heures de malheur, ont enfin cessé – elles sont terminées – quel soulagement pour toi - et ce nouveau bonheur impérissable, comme tu l’as mérité ! Paix et Joies, perdues – enfin retrouvées, revenues.

J’aime à penser cela pour me consoler et me tranquilliser, à ton sujet. Au cours, de ces dernières années, je te voyais de près, vieillir, à nos côtés.

Tu ne seras plus là, désormais, pour accompagner (à ton tour !) nos vieux jours. Qui, en dehors de toi, allons-nous le plus «intéresser »maintenant ?

Comme seul, peut le faire, le mieux une Maman !

En juillet 2007, cela fera 40 ans, qu’ensemble, nous avons fui l’Algérie …un bail, dis ! Ah ! cette vie des colonies ! Cette terre aimée, ce beau Pays – où nous sommes nées et avons grandi – mais souffert aussi « les évènements d’Algérie » ! Que d’amis rencontrés, et jamais oubliés. Nous formions tous- une grande Famille-unie. Beaucoup d’entre eux, ont déjà regagné, la céleste partie  En cette douce Saison printanière, après les rigueurs de l’hiver, la Nature, s’ouvre et s’éveille, tandis que toi, doucement, tu sommeilles. Bleus sont les rayons du Ciel, et jaunes ceux du Soleil. Au fond de ton lit d’hôpital, ta lente agonie, se poursuit- quoi dire, pour te retenir ? Pour t’empêcher de partir ! Tu vas nous quitter - pour ne pas revenir ! De ta belle personne humaine, ne restera-t-il, qu’une simple et unique dépouille mortelle ? Si la mort, l’emportait, quel sens aurions nous d’exister ? Jésus, seul, s’est dit : « Chemin, résurrection et vie » - Alors, à qui irions nous en dehors de Lui ? « La souffrance est un encrier ». Sur tes derniers moments terrestres, je ne veux rien oublier, de mentionner. Je suis de celle qui Croit, qui Aime et qui Espère ! Et cela me réchauffe et m’éclaire. Tu n’es pas Seule puisque Dieu accompagne ton combat. Et s’il existe en lui un « au revoir » alors, je m’accroche très fort à cet espoir, de nous REVOIR !

Briit

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